Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cheval, et, comme Viçvantara ne savait trop que faire : « La bête est forte, dit-il, et vous ne pesez guère. Pour moi, j’irai à pied, et la ville est si proche que je n’en aurai pas grande fatigue. » Viçvantara s’étonnait fort que, dans un désert si cruel, une ville eût été construite ; de cette ville, d’ailleurs, jamais il n’avait entendu parler. Mais la voix du vieillard était si engageante qu’il se décida à le suivre, et Mâdrî était si lasse qu’il accepta de monter à cheval avec elle et les enfants. Et, en effet, ils ne s’étaient guère avancés de plus de trois cents pas que leur apparaissait une ville magnifique. Elle était vaste, et l’on y voyait de beaux jardins et des vergers pleins de fruits mûrs. Un large fleuve l’arrosait. Le vieillard conduisit ses hôtes à un palais brillant. « Voici ma demeure, leur dit-il ; vous y logerez votre vie entière, si tel est votre désir. Entrez. » Dans une grande salle, Viçvantara et Mâdrî s’assirent sur des trônes dorés ; à leurs pieds, les enfants jouaient sur des tapis épais, et le vieillard leur fit apporter de très riches vêtements. On leur servit ensuite les mets les plus délicats, et ils purent apaiser leur faim. Cependant, Viçvantara réfléchissait ; tout à coup il se leva, et dit au vieillard : « Seigneur, j’obéis mal aux ordres de mon père. Il m’a banni de Jayatourâ, où il règne, et il m’a prescrit de vivre désormais au