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Viçvantara. Le prince se dépouilla de ses vêtements, pour que le brahmane ne le quittât pas sans emporter rien. Puis, il marcha encore. Et un quatrième brahmane vint à lui, un homme d’aspect farouche, noir de peau, et sa voix était violente et son regard était impérieux. « Dis-moi, cria-t-il, si par cette route, j’arriverai à Jayatourâ ? — « Oui, répondit le prince. Et pourquoi vas-tu à Jayatourâ ? » Le brahmane verrait Viçvantara, et, à coup sûr, il obtiendrait un présent magnifique. Quand il sut que le prince, exilé, misérable, était devant lui, il ne pleura point, mais, avec des accents de colère, il dit : « Il ne faut pas que j’aie fait en vain une route difficile. Tu as, sans nul doute, emporté quelques bijoux de prix, et tu me les donneras. » Mâdrî avait un collier d’or ; Viçvantara le lui demanda, elle le tendit en souriant, et le brahmane emporta le collier de Mâdrî. Viçvantara, Mâdrî, Jâlin et Krishnâjinâ marchèrent longtemps encore ; ils durent passer des torrents furibonds, gravir des ravins épineux, traverser, sous le soleil ardent, des plaines rocailleuses. Les pieds de Mâdrî étaient déchirés par les pierres, Viçvantara avait à nu les os de ses talons ; où cheminaient les malheureux, la terre était rouge de sang. Un jour, Viçvantara, qui allait le premier, entendit des gémissements derrière lui ; il se retourna et il vit Mâdrâ qui s’était