point d’abord, puis on se montra moins cruel, et l’on quémanda enfin que le prince fût exilé au loin, dans un désert rocheux. Le roi dut consentir. « Mon fils, pensait Sañjaya, supportera mal la nouvelle de son exil. » Il n’en fut rien. « Mon père, dit Viçvantara, je partirai demain, et je n’emporterai rien de mes richesses. » Puis il alla trouver la princesse Mâdrî. « Mâdrî, dit-il, je quitte la ville ; mon père m’exile dans un âpre désert, où j’aurai peine à trouver une humble vie. Ne m’accompagne pas, ô bien-aimée. Tu t’exposerais à de trop rudes souffrances, et tu devrais laisser ici nos enfants : ils mourraient de ne plus nous voir. Reste sur ton trône d’or, avec nos enfants ; mon père m’a exilé, moi seul, et non pas toi. — Seigneur, répondit la princesse, si tu ne m’emmènes pas avec toi, je me tuerai, et vois quel crime tu auras commis. » Viçvantara se tut, il regarda longuement Mâdrî, il l’embrassa, et il lui dit : « Viens. » Mâdrî le remercia, et elle ajouta : « J’emmènerai les enfants, je ne puis me séparer d’eux, et il ne faut pas qu’ils meurent de ne plus nous voir. » Le lendemain Viçvantara fit atteler son char ; il y monta avec Mâdrî, Jâlin et Krishnâjinâ, et il sortit de la ville, tandis que pleuraient et gémissaient le roi Sañjaya et la reine Phousatî. Le prince, sa femme et
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