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« Autrefois, dans Bénarès, régnait un roi puissant et juste, nommé Padmaka. Or, tout à coup, une épidémie singulière affligea la ville ; on était frappé d’un mal qui rendait la peau toute jaune, et, même en plein soleil, on grelottait de froid. Le roi prit en pitié ses sujets, et il chercha comment les guérir. Il demanda, l’avis des médecins les plus fameux ; il distribua des remèdes, il alla lui-même soigner les malades. Tout était vain ; l’épidémie ne cessait pas. Padmaka, était très triste. Un jour, un vieux médecin vint le trouver. « Seigneur, je sais un remède qui peut guérir les habitants de Bénarès. — Et lequel ? demanda le roi. — C’est un grand poisson nommé Rohita : qu’on le prenne, qu’on donne aux malades si peu que ce soit de sa chair, et l’épidémie cessera. » Le roi remercia fort le vieux médecin ; il fit chercher dans les mers et dans les fleuves le poisson Rohita, mais nulle part on ne le découvrit ; et le roi fut plus triste que jamais. Parfois, dans le matin ou dans le soir, il entendait monter vers son palais des voix plaintives : « Nous souffrons, ô roi ; sauve-nous ! » Il pleurait amèrement. Et une heure vint où il pensa : « À quoi bon la richesse, à quoi bon la royauté, à quoi bon la vie ? Je ne puis secourir ceux que tourmente la douleur. » Il fit appeler son fils aîné. « Mon fils, lui dit-il, je t’abandonne mes biens et mon royaume. »