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tant, accorde-moi la grâce d’attendre un jour encore, un seul jour. Reste ici aujourd’hui, demain, tu agiras à ton gré. » L’ascète pensa : « Les lièvres sont habiles à trouver des vivres, et ils en ont souvent des réserves. Demain, sans doute, celui-ci m’apportera quelque nourriture. » Il promit donc de ne partir que le lendemain, et le lièvre s’en alla, tout joyeux. L’ascète était de ceux qui vénèrent Agni, et il veillait à tenir toujours, dans la gorge, un feu allumé. « Faute de manger, se dit-il, je me chaufferai, en attendant le lièvre. » Le lendemain, dès l’aube, le lièvre parut ; il n’apportait aucune nourriture. L’ascète en prit une mine dépitée. Mais voici que le lièvre le salue, et qu’il dit : « Nous autres, animaux, n’avons ni sens ni jugement ; pardonne-moi, grand ascète, si j’ai commis quelque faute envers toi. » Et, d’un bond soudain, il tomba dans le feu. « Que fais-tu ? » s’écria l’ascète, et il s’élança vers le feu ; il en retira le lièvre, qui lui dit : « Je ne veux pas que tu manques au devoir, je ne veux pas que tu quittes ta retraite. Il n’y a plus ici rien qui puisse te nourrir ; j’ai consacré mon corps au feu ; prends-le, ami, nourris-toi de ma chair, et reste dans la gorge de la montagne. » L’ascète, tout ému, répondit : « Je n’irai point vers les villes, et, dussé-je mourir de faim, je resterai