Dans cette population mixte d’Alexandrie, la fusion devait s’opérer rapidement entre les idées, peut-être même entre les races. Où sont les thérapeutes juifs à la fin du iie siècle ? Les uns, convertis au christianisme, sont devenus des anachorètes ou des gnostiques basilidiens et valentiniens ; les autres se rapprochent de plus en plus du paganisme. Je dis du paganisme et non pas du polythéisme, car à cette époque tout le monde admet dans l’ordre divin une hiérarchie bien déterminée avec un Dieu suprême au sommet ; seulement ce Dieu suprême est pour les uns dans le monde, pour les autres hors du monde. À chaque instant, dans les livres d’Hermès, on lit une tirade sur l’unité divine ; on croit avoir affaire à un chrétien ou à un juif, et, quelques lignes plus bas, on trouve des phrases qui vous rappellent qu’il s’agit du Dieu du panthéisme : « Non-seulement il contient tout, mais véritablement il est tout[1] ; » — « il est tout, et il n’y a rien qui ne soit lui[2] ; » — « il est ce qui est et ce qui n’est pas, l’existence de ce qui n’est pas encore[3]. » Pour dési-