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LXXI
DES LIVRES HERMÉTIQUES.


étaient fort nombreux à cette époque. Les livres hermétiques contiennent çà et là des allusions à ces gnostiques chrétiens. Mais ce qui choque Hermès, ce n’est pas la confusion qu’ils font de tous les symboles, il n’en parle même pas ; il leur reproche seulement de regarder le monde comme une œuvre mauvaise et de distinguer le Créateur du Dieu suprême : « La terre est le séjour du mal, mais non pas le monde, comme le diront quelques blasphémateurs[1] ; » — « laissons de côté le bavardage et les mots vides de sens et concevons deux termes, l’engendré et le créateur ; entre eux il n’y a pas place pour un troisième[2]. » C’est aussi sur ce terrain que Plotin attaque les gnostiques ; il ne parle pas de l’incarnation du Verbe, et son traducteur, Marsile Ficin, a même essayé de le faire passer pour chrétien.

Les questions n’étaient pas posées à cette époque comme nous les poserions aujourd’hui ; ce qui nous paraît fondamental était relégué au second plan, et on discutait à perte de vue sur des points qui nous semblent de peu d’importance. On s’aperçoit sou-

  1. Hermès, I, chap. IX, De la pensée et de la sensation.
  2. Ibid., chap. XIV, Hermès à Asclèpios, Sagesse.