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LXVI
ÉTUDE SUR L’ORIGINE


retrouve dans l’Axiochos attribué à Platon et dans la seconde épitre aux Corinthiens. Le mot diable, διάϐολος (diabolos), y est employé presque dans le sens chrétien. Le ton général d’exaltation qui y règne, cette obscurité qui vise à la profondeur, s’enivre d’elle-même et prend cette ivresse pour de l’extase, tout fait prévoir les aberrations mystiques du gnosticisme, contre lesquelles protesteront également les Pères de l’Église et les philosophes d’Alexandrie. Elles s’annoncent déjà dans des paroles comme celles-ci : « Gnose sainte, illuminé par toi, je chante par toi la lumière idéale ; » — « ô mon fils, la sagesse idéale est dans le silence ; » — « à travers tes créations, j’ai trouvé la bénédiction dans ton éternité. » On sait que le silence, σιγή (sigê), l’éternité, αἰὼν (aiôn), ou les siècles, αἰῶνες (aiônes), ont été personnifiés par les gnostiques et jouent un rôle dans leur mythologie. Il y a aussi des indications curieuses sur la société au sein de laquelle allait se développer le christianisme : ainsi la vertu qu’Hermès oppose à l’avarice est la communauté ou communion, ϰοινωνία (koinônia). Si on se rappelle que les esséniens, d’après Josèphe et Philon, mettaient en commun leur salaire de chaque jour, comme on dit que le font les mor-