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LIX
DES LIVRES HERMÉTIQUES.

des thérapeutes offraient à la propagande chrétienne une population bien plus hellénisée, habituée aux spéculations abstraites et aux allégories mystiques. De ces tendances, combinées avec le dogme de l’incarnation, sortirent les sectes gnostiques. Le Poimandrès doit être antérieur à ces sectes ; on n’y trouve pas encore le luxe mythologique qui les caractérise : les puissances divines, la vie, la lumière, etc., n’y sont pas encore distinguées ni personnifiées, et par-dessus tout il n’y est pas encore question de l’incarnation du Verbe. Mais on y trouve déjà l’idée de la gnose, c’est-à-dire de la science mystique qui unit l’homme à Dieu ; cela autorise, non pas à supposer, avec Jablonski, que l’auteur est un gnostique, mais à le regarder comme un précurseur du gnosticisme, aussi bien que Philon. Dans l’un c’est l’élément juif qui domine, dans l’autre c’est l’élément grec ; à l’un et à l’autre il n’a manqué pour être des gnostiques que d’admettre l’incarnation du Verbe.

Soit que les Juifs d’Éphèse aient été plus directement en rapport que ceux de la Syrie et de la Palestine avec les Juifs d’Alexandrie, soit qu’à Éphèse comme à Alexandrie l’influence grecque ait fait naître les