Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LVII
DES LIVRES HERMÉTIQUES.

et le nom de l’auteur ont inspiré, par esprit de rivalité, à quelque thérapeute judæo-égyptien l’idée de composer à son tour une sorte d’apocalypse moins moraliste et plus métaphysique, et de l’attribuer, non pas à un Hermas ou à un Hermès contemporain, mais au fameux Hermès Trismégiste si célèbre dans toute l’Égypte.

Dans le Poimandrès, en effet, on trouve plusieurs traits qui s’accordent parfaitement avec ce que Philon dit des thérapeutes, qu’il prend pour type de la vie contemplative : « Dans l’étude des livres saints, ils traitent la philosophie nationale par allégories, et devinent les secrets de la nature par l’interprétation des symboles. » Cette phrase, qui s’applique si bien au système allégorique de Philon lui-même, fait songer en même temps à la cosmogonie du Poimandrès, quoique les textes bibliques n’y soient pas invoqués comme autorité. On y pressent déjà les systèmes gnostiques qui sortiront d’une combinaison plus intime du judaïsme et de l’hellénisme. Philon dit encore que les thérapeutes, sans cesse occupés de la pensée de Dieu, trouvent, même dans leurs songes, des visions de la beauté des puissances divines. « Il en est, dit-