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LIII
DES LIVRES HERMÉTIQUES.

de cette croyance commune aux religions et aux philosophies mystiques : la vie du corps est la mort de l’âme, qui, entraînée par le désir, tombe dans les flots de la matière.

Le caractère androgyne de l’homme primitif dans le Poimandrès pourrait être rattaché au Banquet de Platon, où cette idée est présentée d’une façon grotesque ; mais il est plus probable que c’est un souvenir du mot de la Bible : « il les créa mâle et femelle. » Selon Philon, qui commente longuement le récit mosaïque d’après les théories platoniciennes, Dieu créa d’abord le genre humain avant de créer des individus de sexe différent. Poimandrès semble s’inspirer encore plus directement de la Genèse, lorsqu’il ajoute qu’après la séparation des sexes Dieu dit à ses créatures : « Croissez en accroissement et multipliez en multitude. » Il est vrai que cette forme redondante, quoique assez conforme au génie hébraïque, ne se trouve pas dans la Bible, qui dit simplement : « Croissez et multipliez. » On pourrait donc supposer que l’auteur a eu en vue quelque autre cosmogonie aujourd’hui perdue. Cependant cette légère différence ne saurait susciter