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ÉTUDE SUR L’ORIGINE

vestiges de croyances chaldéennes ou persanes se mêlent avec le Timée, le premier chapitre de la Genèse et le début de l’Évangile de saint Jean.

Le sujet de l’ouvrage est une cosmogonie présentée sous la forme d’une révélation faite à l’auteur par Poimandrès, qui est le νοῦς (noûs) de la philosophie grecque, l’Intelligence, le Dieu suprême. Comme dans le Timée, Dieu est au-dessus de la matière, mais il ne la tire pas du néant. L’Intelligence ordonne le monde d’après un modèle idéal qui est sa raison ou sa parole, le λόγος (logos) de Platon et de Zénon. Par cette parole, Dieu engendre une autre intelligence créatrice, le Dieu du feu et du souffle ou de l’esprit, πνεῦμα (pneûma). On pourrait voir là une réminiscence égyptienne ; selon Eusèbe[1], Phta était né d’un œuf sorti de la bouche de Enef. Mais cette cosmogonie du Poimandrès peut aussi se rattacher à la philosophie grecque, surtout au Timée, car ce souffle créateur ressemble beaucoup à l’âme du monde. Une scholie qui se trouve en tête des manuscrits attribue à Hermès une vision anticipée de la trinité chrétienne et tire même

  1. Eusèbe, Prœp. evang., III, II.