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LIVRE IV.

providence du vrai a enveloppé et enveloppera de corruptions toutes les choses terrestres, car la corruption est la condition de toute naissance ; tout ce qui est né se corrompt pour renaître encore. Il est nécessaire que de la corruption sorte la vie et que la vie se corrompe à son tour, pour que la génération des êtres ne s’arrête jamais. Reconnais donc d’abord le créateur dans cette naissance des êtres. Les êtres nés de la corruption ne sont que mensonge, ils deviennent tantôt ceci, tantôt cela ; car ils ne peuvent devenir les mêmes, et comment ce qui n’est pas identique pourrait-il être vrai ? Il faut donc les appeler des apparences, ô mon fils, et voir dans l’homme une apparence de l’humanité ; à proprement parler l’enfant, est une apparence d’enfant, le jeune homme une apparence de jeune homme, l’adulte une apparence d’adulte, le vieillard une apparence de vieillard ; car on ne peut dire que l’homme soit un homme, l’enfant un enfant, le jeune homme un jeune homme, l’homme fait un homme fait, le vieillard un vieillard ; en se transformant ils nous trompent et sur ce qu’ils étaient et sur ce qu’ils sont. Ne vois donc dans tout cela, mon fils, que des manifestations menteuses d’une vérité supérieure ; et puisqu’il en est ainsi, j’appelle le mensonge une expression de la vérité.

(Stobée, Florilegium, xi.)