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LIVRE IV.

— Quoi donc ? il faut penser et dire ce qui est, et rien n’est vrai sur la terre ?

— Il y a cela de vrai qu’on ne sait rien de vrai. Comment en pourrait-il être autrement, mon fils ? La vérité est la vertu parfaite, le souverain bien qui n’est ni troublé par la matière, ni circonscrit par le corps, le bien nu, évident, inaltérable, auguste, immuable : Or, les choses d’ici-bas, tu le vois, mon fils, sont incompatibles avec le bien ; elles sont périssables, changeantes, altérables, passant d’une forme à une autre. Ce qui n’est pas même soi peut-il être vrai ? Tout ce qui se transforme est mensonge, non-seulement en soi, mais par les apparences qu’il nous présente l’une après l’autre.

— L’homme même n’est-il pas vrai, mon père ?

— Il n’est pas vrai en tant qu’homme, mon fils. Le vrai ne consiste qu’en soi-même et demeure ce qu’il est. L’homme est composé d’éléments multiples et ne reste pas identique à lui-même. Tant qu’il habite le corps, il passe d’un âge à un autre, d’une forme à une autre. Souvent, après un court intervalle de temps, les parents ne reconnaissent plus leurs enfants, ni les enfants leurs parents. Ce qui change au point d’être méconnaissable est-il quelque chose de vrai, ô Tatios ? n’est-ce pas plutôt un mensonge que cette succession d’apparences diverses ? Ne regarde comme vrai que