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HERMÈS TRISMÉGISTE.

donc pas la vérité, mais des simulacres de vérité, et pas même toutes, seulement un petit nombre ; les autres sont mensonge et erreur, ô Tatios, des apparences fantastiques et comme des images. Lorsqu’une de ces apparences reçoit l’effluve d’en haut, elle devient une imitation de la vérité ; sans cette influence supérieure, elle reste mensonge. De même un portrait est l’image peinte du corps, mais n’est pas le corps qu’il représente. Il paraît avoir des yeux, mais il ne voit rien ; des oreilles, et il n’entend rien ; et ainsi du reste. C’est une peinture qui trompe les yeux ; on croit voir une vérité, il n’y a qu’un mensonge. Ceux qui ne voient pas le faux voient le vrai ; si on comprend, si on voit chaque chose telle qu’elle est, on comprend, on voit la vérité ; mais si on voit ce qui n’est pas, on ne peut comprendre et on ne saura rien de vrai.

— Il y a donc, mon père, une vérité, même sur la terre ?

— Ton erreur n’est pas inconsidérée, mon fils. La vérité n’est pas sur la terre, ô Tatios, et elle n’y peut pas être, mais elle peut être comprise par quelques hommes auxquels Dieu donne une vision divine. Rien n’est vrai sur la terre, il n’y a qu’apparences et opinions ; tout est vrai pour l’intelligence et la raison ; ainsi, penser et dire le vrai, voilà ce qu’il faut appeler la vérité.