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LIVRE IV.

par conséquent, faibles par eux-mêmes et ayant besoin d’un secours étranger.

Comment en effet la combinaison qui constitue nos corps pourrait-elle subsister si elle n’était sans cesse alimentée et entretenue par des éléments de même nature ? La terre, l’eau, le feu et l’air affluent en nous et renouvellent notre enveloppe. Nous sommes si faibles que nous ne pouvons supporter un seul jour de mouvement. Tu sais parfaitement, mon fils, que sans le repos des nuits nos corps ne pourraient résister un jour. C’est pourquoi notre bon créateur, dans sa prévoyance universelle, a garanti la durée des êtres vivants en créant le sommeil réparateur de la fatigue et du mouvement, et attribuant une part de temps égale ou même plus grande au repos. Réfléchis bien, mon fils, à cette énergie du sommeil, opposée à celle de l’âme et non moindre qu’elle. Si la fonction de l’âme est le mouvement, les corps ne peuvent vivre sans le sommeil, qui relâche et détend le lien des membres, et, par son action réparatrice, dispense à chacun d’eux la matière dont il a besoin, fournissant l’eau au sang, la terre aux os, l’air aux nerfs et aux veines, le feu aux yeux. De là le plaisir extrême que le corps trouve dans le sommeil.

(Stobée, Ecl. phys., xliii, 8.)