Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
HERMÈS TRISMÉGISTE.

Celui qui s’instruit sur l’univers, son ordonnance, son principe et sa fin, rend grâces de toutes choses au créateur comme à un bon père, à un bon nourricier, à un tuteur fidèle. Voilà la piété ; et par elle on sait où est la vérité et ce qu’elle est. La science augmente la piété. Une fois que l’âme enfermée dans le corps s’est élevée à la perception du vrai bien et de la vérité, elle ne peut plus redescendre. La puissance de l’amour, l’oubli de toutes les choses mauvaises, empêchent l’âme qui connaît son créateur de se séparer du bien. Voilà le but de la piété, mon fils ; si tu l’atteins, ta vie sera pure, ta mort heureuse, ton âme saura où elle doit s’envoler. Voilà la seule route qui mène à la vérité, c’est celle qu’ont suivie nos ancêtres, et ils sont arrivés par elle à la possession du bien. Cette route est belle et unie ; cependant il est difficile à l’âme d’y marcher tant qu’elle est enfermée dans la prison du corps ; il lui faut d’abord lutter contre elle-même, faire une grande division et se soumettre à la partie une d’elle-même. Car l’un est en lutte contre les deux ; celui-là fuit, ceux-ci l’entraînent en bas[1]. De part ou d’autre la victoire n’est pas la même : l’un tend vers le bien, les deux vers le mal ; l’un veut s’affranchir, les deux aiment la servitude. Si les deux sont vaincus il leur

  1. Il oppose, d’après Platon, l’intelligence, la partie une de l’âme, à ses deux autres parties, la fougue et le désir.