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HERMÈS TRISMÉGISTE.

vase ne peut retrouver le lieu qu’elle occupait, elle n’a pas une place particulière, elle se mêle à la masse de l’eau ; mais il n’en est pas ainsi des âmes, ô très-sage Hôros. Je suis initiée aux mystères de l’immortelle nature, je marche dans le champ de la vérité et je te révélerai tout sans rien omettre. Je te dirai d’abord que l’eau est un corps sans raison, composé d’une foule de particules fluides, tandis que l’âme, mon fils, est une chose personnelle, œuvre royale des mains et de l’intelligence de Dieu, marchant par elle-même dans l’intelligence. Ce qui vient de l’unité et non de la différence ne peut se mêler à autre chose, et pour que l’âme soit unie au corps, il faut que Dieu soumette cette union harmonique à la nécessité.

Les âmes ne retournent donc pas confusément et au hasard dans un seul et même lieu, mais chacune est envoyée à la place qui lui appartient. Cela résulte même de ce qu’elle éprouve lorsqu’elle est encore dans l’enveloppe du corps, chargée d’un poids contraire à sa nature. Écoute cette comparaison, ô très-cher Hôros : suppose qu’on enferme dans une même prison des hommes, des aigles, des colombes, des cygnes, des éperviers, des hirondelles, des moineaux, des mouches, des serpents, des lions, des léopards, des loups, des chiens, des lièvres, des bœufs, des moutons, et aussi quelques-uns des animaux amphi-