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HERMÈS TRISMÉGISTE.

et les vivants et les morts étaient précipités des lieux sacrés.

Alors les éléments résolurent de se plaindre devant le monarque de l’état sauvage des hommes. Et le mal étant déjà très-grand, les éléments s’avancèrent vers le Dieu créateur et se plaignirent en ces termes[1] ; le Feu fut admis à parler le premier : « Ô maître, dit- il, ouvrier de ce monde nouveau, toi dont le nom mystérieux parmi les Dieux a été jusqu’ici vénérable pour tous les hommes, jusques à quand, ô Démon, as-tu décidé de laisser la vie humaine sans Dieu ? Révèle-toi au monde qui t’appelle, corrige la vie sauvage par l’initiation de la paix. Accorde à la vie des lois, accorde à la nuit des oracles, remplis tout d’heureuses espérances ; que les hommes redoutent le jugement des Dieux, et nul ne péchera plus. Que les crimes re-

  1. Il y a quelque chose de semblable dans le livre d’Énoch : « Les géants se tournèrent contre les hommes pour les dévorer et commencèrent à nuire aux oiseaux, aux animaux sauvages, aux reptiles, aux poissons, et ils dévoraient mutuellement leurs chairs et en buvaient le sang. Alors la terre éleva sa plainte contre les injustes Et à cause de la perdition des hommes une clameur se leva et parvint jusqu’au ciel. Alors Michaël et Gabriel, et Souryan et Ouryan regardèrent du haut du ciel et virent l’abondance du sang qui était répandu sur la terre et toute l’iniquité qui s’accomplissait, et ils se dirent : La voix de leurs cris monte, la clameur de la terre arrive jusqu’à la porte du ciel, et devant vous, ô saints des cieux, se plaignent les âmes des hommes, disant : Faites-nous justice devant le Très-Haut. » (VII, 14, 15 ; VIII, 8, 9 ; IX, 1, 2, 3.)