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LIVRE III.

Effaçons par notre pouvoir cette cohésion inerte. Que le chaos devienne une fable incroyable pour la postérité. Commencez les grandes œuvres, je vous dirigerai. »

Il dit, et aussitôt l’unité cosmique, encore obscure, fut divisée, et dans les hauteurs apparut le ciel avec tous ses mystères. La terre, encore instable, s’affermit sous la lumière du soleil et apparut avec tous les riches ornements qui l’enveloppent. Car tout est beau aux yeux de Dieu, même ce qui semble laid aux mortels, parce que tout est fait d’après les lois de Dieu. Et Dieu se réjouit en voyant ses œuvres en mouvement, et saisissant à pleines mains les trésors de la nature : « Reçois-les, dit-il, ô terre sacrée, reçois-les, ô vénérable qui vas être la mère de toutes choses, et que rien ne te manque désormais ! » Il dit, et ouvrant ses mains divines, il répandit dans le réservoir universel tous ses trésors. Mais ils étaient encore inconnus ; car les âmes, nouvellement enchaînées et ne supportant pas leur opprobre, voulaient rivaliser avec les Dieux célestes, et fières de leur noble origine, se vantant d’avoir le même créateur qu’eux, se révoltaient, et prenant les hommes pour instruments, les opposaient les uns aux autres et suscitaient des guerres intestines. Et ainsi, la force opprimant la faiblesse, les forts brûlaient et massacraient les faibles,