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LIVRE III.

qui nous attendent ? Voilà le triste avenir qui nous est réservé, pourvoir aux besoins d’un corps humide et dissoluble. Nos yeux ne distingueront plus les âmes divines. À peine, à travers ces cercles humides, apercevrons-nous en gémissant le ciel, notre ancêtre ; par intervalles même nous cesserons de le voir. [C’est la lumière qui fait voir ; les yeux par eux-mêmes ne voient rien, dit Orphée][1]. Par notre funeste condamnation, la vision directe nous est refusée ; car nous ne pouvons voir qu’à l’aide de la lumière ; ce sont des fenêtres que nous avons, et non des yeux. Ce sera aussi une peine pour nous d’entendre dans l’air le souffle fraternel des vents sans pouvoir y mêler le nôtre, qui aura pour demeure, au lieu de ce monde sublime, l’étroite prison de la poitrine. Mais toi, qui nous chasses et nous fais descendre si bas de si haut, mets un terme à nos peines, seigneur et père, devenu si vite indifférent à tes œuvres ; fixe-nous une limite, daigne nous adresser quelques dernières paroles, pendant que nous pouvons encore voir l’ensemble du monde lumineux. »

Cette prière des âmes fut exaucée, mon fils Hôros ; car le monarque était présent, et, s’asseyant sur le trône de la vérité, voici ce qu’il leur dit : « Ô âmes,

  1. Citation intercalée dans le texte par un copiste.