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HERMÈS TRISMÉGISTE.

et moi je l’ai reçu de l’antique Kaméphès, lorsqu’il m’admit à l’initiation par le noir[1] ; reçois-le de moi à ton tour, ô merveilleux et illustre enfant.

Les âmes allaient être emprisonnées dans les corps ; les unes gémissaient et se lamentaient : ainsi, quand des animaux sauvages et libres sont enchaînés, au moment de subir la dure servitude et de quitter les chères habitudes du désert, ils combattent et se révoltent, refusent de suivre ceux qui les ont domptés, et, si l’occasion s’en présente, les mettent à mort. La plupart sifflaient comme des serpents ; telle autre jetait des cris aigus et des paroles de douleur, et regardant au hasard en haut et en bas : « Grand ciel, disait-elle, principe de notre naissance, éther, air pur, mains et souffle sacré du Dieu souverain ; et vous, astres éclatants, regards des Dieux, infatigable lumière du soleil et de la lune, notre première famille, quel déchirement et quelle douleur ! Quitter ces grandes lumières, cette sphère sacrée, toutes les magnificences du pôle et la bienheureuse république des Dieux, pour être précipitées dans ces viles et misérables demeures ! Quel crime avons-nous donc commis, ô malheureuses ! Comment avons-nous mérité, pauvres pécheresses, les peines

  1. Canter traduit par atramentum ; ce serait alors l’initiation par l’écriture ; mais il se peut aussi qu’on couvrît d’un voile noir la tête des initiés ; peut-être s’agit-il ici du voile d’Isis.