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XVI
ÉTUDE SUR L’ORIGINE


d’entre eux : « Ou Philon platonise, ou Platon philonise. » Philon, s’imaginant sans doute que la Grèce avait toujours été ce qu’elle était de son temps, prétend que des précepteurs grecs vinrent à la cour de Pharaon pour faire l’éducation de Moïse. Le plus souvent néanmoins le patriotisme l’emportait chez les Juifs sur la reconnaissance, et au lieu d’avouer ce qu’ils devaient à la philosophie grecque, ils soutenaient qu’elle avait emprunté ses principes à la Bible. Jusqu’à la période chrétienne, les Grecs ne paraissent pas avoir tenu compte de cette assertion. Il est vrai qu’on cite ce mot d’un éclectique alexandrin, Nouménios d’Apamée : « Platon n’est qu’un Moïse attique. » Mais que conclure d’une phrase isolée tirée d’un ouvrage perdu ? Tout ce qu’elle pourrait prouver, c’est que Nouménios ne connaissait Moïse que par les allégories de Philon, car il n’y a qu’une critique bien peu exigeante qui puisse trouver la théorie des idées dans le premier chapitre de la Genèse.

Les emprunts des Grecs à la Bible ne sont guère plus vraisemblables que les précepteurs grecs de Moïse. Si Platon avait pris quelque chose aux Juifs,