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LIVRE II.


logues à sa divinité, de sorte que même le monde qu’on appelle sensible soit rempli de corps et d’êtres en rapport avec sa nature et sa qualité. Nous n’en voyons pas toutes les faces ; les unes sont très-grandes, les autres sont très-petites, ou nous semblent telles par l’effet de l’éloignement ou par l’imperfection de notre vue ; leur extrême ténuité peut même faire croire à plusieurs qu’elles n’existent pas. Je parle des démons, que je crois habiter avec nous, et des héros qui habitent au-dessus de nous, entre la terre et la partie la plus pure de l’air, où il n’y a ni nuages ni aucune trace d’agitation.

On ne peut donc pas dire, ô Asclèpios, que rien soit vide, à moins qu’on ne dise de quoi telle ou telle chose est vide ; par exemple, vide de feu, d’eau, ou autre chose semblable. S’il arrive même que ceci ou cela, petit ou grand, soit vide d’objets de ce genre, rien ne peut être vide de souffle ou d’air. On en peut dire autant du lieu ; ce mot seul ne peut se comprendre si on ne l’applique pas à quelque chose. En ôtant le terme principal, on mutile le sens ; aussi dit-on avec raison : le lieu de l’eau, le lieu du feu ou autre chose semblable. Comme il est impossible qu’il y ait quelque chose de vide, on ne peut comprendre un lieu seul. Si on suppose un lieu sans ce qu’il contient, ce doit être un lieu vide, ce qui selon moi n’existe pas dans le monde.