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LIVRE II.


vous je poursuivrai le discours commencé et je donnerai des explications. Ils disent que Dieu aurait dû préserver le monde du mal ; or, le mal est dans le monde comme un membre qui en fait partie. Le souverain Dieu y a pourvu autant qu’il était raisonnable et possible, quand il a daigné accorder à l’humanité le sentiment, la science et l’intelligence. Par ces facultés qui nous placent au-dessus des autres animaux, nous pouvons seuls échapper aux piéges du mal et aux vices. L’homme sage et garanti par l’intelligence divine sait s’en préserver dès qu’il les voit et avant de s’y être laissé entraîner. Le fondement de la science est la souveraine bonté. L’esprit gouverne et fait vivre tout ce qui est dans le monde ; c’est un instrument ou une machine qu’emploie la volonté du souverain Dieu. Ainsi nous devons comprendre, par la seule intelligence, le suprême intelligible qu’on nomme Dieu. Par lui est dirigé cet autre Dieu sensible qui comprend tous les lieux, toutes les substances, la matière de tout ce qui engendre et produit, en un mot, tout ce qui est.

Quant à l’esprit, il fait mouvoir ou gouverne tous les êtres particuliers qui sont dans le monde, selon la nature que Dieu leur a assignée. La matière, Hylè, ou le monde, est le réceptacle, le mouvement, la répétition de toutes les choses que Dieu gouverne,