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HERMÈS TRISMÉGISTE.


ou la nature du monde et l’esprit, quoique paraissant nés dès l’origine, possèdent la puissance de naître et de procréer, la force féconde. Car le commencement est dans la qualité de la nature qui possède en elle-même la puissance de conception et de production. Elle est donc sans intervention étrangère, principe de création. Il en est autrement de ce qui possède seulement la force de conception par le mélange avec une autre nature. Le lieu du monde et de tout ce qu’il contient semble n’être pas né, et il a en lui toute la nature en puissance. J’appelle lieu ce qui contient toutes choses, car elles n’auraient pu être sans avoir un lieu pour les contenir. Tout ce qui existe a besoin d’une place ; ni qualités, ni quantités, ni positions, ni effets ne pourraient se distinguer dans des choses qui ne seraient nulle part. Ainsi le monde, quoiqu’il ne soit pas né, a en lui le principe de toute naissance, puisqu’il offre à toutes choses un sein propre à leur conception. Il est donc la somme de qualités et de matière susceptible d’être créée, quoique non créée encore.

La matière, étant féconde en toute qualité, peut aussi engendrer le mal. J’écarte donc, ô Asclèpios et Ammon, la question posée par plusieurs : « Dieu pouvait-il retrancher le mal de la nature des choses ? » Il n’y a absolument rien à leur répondre ; mais pour