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HERMÈS TRISMÉGISTE.


question, mais parce qu’il est perçu par les sens. Ayant donc créé cet être unique, qui tient le premier rang parmi les créatures et le second après lui, il le trouva beau et rempli de tous les biens, et il l’aima comme son propre enfant. Il voulut donc qu’un autre pût contempler cet être si grand et si parfait, qu’il avait tiré de lui-même, et à cet effet il créa l’homme, doué de raison et d’intelligence. La volonté de Dieu, c’est l’accomplissement absolu ; vouloir et accomplir, c’est pour lui l’œuvre d’un même instant. Et comme il savait que l’essentiel ne pouvait connaître toutes choses sans être enveloppé par le monde, il lui donna un corps pour demeure. Il voulut qu’il eût deux natures, il les unit intimement et les mêla dans une juste mesure.

C’est ainsi qu’il forma l’homme d’esprit et de corps, d’une nature éternelle et d’une nature mortelle, afin qu’un animal ainsi constitué pût, en raison de sa double origine, admirer et prier ce qui est céleste et éternel, cultiver et gouverner ce qui est sur la terre[1] ; je parle ici des choses mortelles, non pas des deux éléments soumis à l’homme, la terre et l’eau, mais des choses qui viennent de l’homme, sont en lui ou dépendent de lui, comme la culture du sol, les pâtura-

  1. La phrase précédente est citée par Lactance, VII, 13. Il y a dans la version latine de légères différences qui rendent le sens plus clair.