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LIVRE PREMIER.


soit en haut, soit en bas, soit dans le divin, soit dans le changeant, soit dans les profondeurs. Ces deux termes, l’engendré et le créateur, comprennent tout l’univers, et sont inséparables l’un de l’autre, car il ne peut exister de créateur sans création, ni de création sans créateur. Chacun d’eux est défini par sa fonction, et ne peut pas plus s’abstraire de l’autre que de lui-même.

Si le créateur n’est pas autre que celui qui crée, fonction unique, simple et non complexe, il se crée nécessairement lui-même, car c’est en créant qu’il devient créateur. De même l’engendré naît nécessairement d’un autre ; sans créateur l’engendré ne peut naître ni exister. Chacun d’eux perdrait sa propre nature s’il était séparé de l’autre. Si donc on reconnaît l’existence de deux termes, l’un créé, l’autre créant, leur union est indissoluble ; l’un précède, l’autre suit ; le premier est le Dieu créateur, le second est l’engendré, quel qu’il soit. Et ne crains pas que la gloire de Dieu soit abaissée par la variété de la création ; son unique gloire est de produire, et cette fonction est pour ainsi dire son corps. Mais rien de mauvais ni de laid ne peut être regardé comme son œuvre. Ces accidents sont des conséquences attachées à la création comme la rouille à l’airain ou la crasse au corps. Ce n’est pas le forgeron qui fait la rouille, ni les pa-