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HERMÈS TRISMÉGISTE.


naît d’autre chose. Il y a donc quelqu’un qui les fait et qui lui-même est incréé et antérieur à toute création. Je dis que tout ce qui est né est né d’un autre, et qu’aucun être créé ne peut être antérieur à tous les autres, mais seulement l’incréé. Il est supérieur en force, un et seul vraiment sage en toutes choses, puisque rien ne l’a précédé. De lui dépendent la multitude, la grandeur, la différence des êtres créés, la continuité de la création et son énergie. En outre, les créatures sont visibles, mais lui est invisible. Il faut donc le concevoir par l’intelligence ; te comprendre c’est l’admirer ; qui l’admire arrive à la béatitude par la connaissance de son vénérable père.

Car il n’y a rien de meilleur qu’un père. Quel est-il, et comment le connaîtrons-nous ? Faut-il le désigner par le nom de Dieu, ou par ceux de créateur ou de père, ou par ces trois noms à la fois ? Dieu répond à sa puissance, créateur à son activité, père à sa bonté. Sa puissance est distincte de ses créatures, son énergie réside dans l’universalité de sa création. Laissons donc de côté le bavardage et les mots vides, et concevons deux termes : l’engendré et le créateur ; entre eux il n’y a pas place pour un troisième. Chaque fois que tu réfléchis sur l’univers et que tu en entends parler, souviens-toi de ces deux termes, et pense qu’il sont tout ce qui existe, sans qu’on puisse rien laisser hors d’eux,