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LIVRE PREMIER.


TAT.

Tes paroles sont impossibles et arrachées par la force, mon père ; je veux te répondre à mon tour. Suis-je un étranger, le fils d’une autre race ? Ne me repousse pas, mon père, je suis ton véritable fils ; explique-moi le mode de la renaissance.

HERMÈS.

Que te dirais-je, mon fils ? Je n’ai rien à te dire que ceci : une vision ineffable s’est produite en moi. Par la miséricorde de Dieu, je suis sorti de moi-même, j’ai revêtu un corps immortel, je ne suis plus le même, je suis né en intelligence. Cela ne s’apprend pas par cet élément modelé à l’aide duquel on voit, et c’est pourquoi je ne m’inquiète plus de ma première forme composée, ni si je suis coloré, tangible et mesurable. Je suis étranger à tout cela. Tu me vois avec tes yeux et tu penses à un corps et à une forme visibles, ce n’est pas avec ces yeux-là que l’on me voit maintenant, mon fils.

TAT.

Tu me rends fou, tu me fais perdre la raison, mon père ; je ne me vois plus moi-même maintenant.

HERMÈS.

Puisses-tu, mon fils, sortir de toi-même sans dormir, comme on est en dormant transporté dans le rêve !