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LIVRE PREMIER.


tu me posais au sujet de la fatalité de l’intelligence. Car, en mettant de côté les paroles qui prêtent à la discussion, tu trouveras, mon fils, que l’intelligence, âme de Dieu, domine vraiment toutes choses, la destinée, la loi et tout le reste. Rien ne lui est impossible, ni de placer l’âme au-dessus de la destinée, ni de la soumettre à la destinée en la rendant indifférente aux accidents. C’est ainsi que parlait ce bon démon.

TAT.

C’étaient des paroles divines, vraies et utiles ; mais, encore une explication : Tu as dit que dans les animaux sans raison l’intelligence agissait conformément à la nature et dans le sens de leurs appétits. Mais les appétits des animaux sans raison sont, ce me semble, des passions ; l’intelligence est donc une passion, puisqu’elle se confond avec les passions ?

HERMÈS.

Bien, mon fils, ton objection est sérieuse et j’y dois répondre. Tout ce qu’il y a d’incorporel dans le corps est passif, et c’est là proprement ce qu’on nomme passion. Car tout moteur est incorporel et tout mobile est corporel. L’incorporel est mu par l’intelligence, et le mouvement est une passion. Le mobile, ce qui commande et ce qui obéit, sont donc également passifs. Mais en se séparant du corps, l’intelligence échappe à la passion. Ou plutôt, mon fils,