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HERMÈS TRISMÉGISTE.


qui est placé dans un lieu, car le lieu est corporel et immobile, et les choses qui sont en place n’ont pas de mouvement. Il en est dans l’incorporel autrement que dans l’apparence. Songe qu’il enveloppe tout, songe que rien n’est plus rapide, plus vaste, plus fort que l’incorporel ; il dépasse tout en capacité, en vitesse, en puissance. Réfléchis d’après toi-même ; ordonne à ton âme d’aller en Inde, et elle y est plus vite que ton ordre ; ordonne-lui d’aller vers l’Océan, et elle y sera aussitôt, non en passant d’un lieu à un autre, mais instantanément. Ordonne-lui de monter dans le ciel et elle n’aura pas besoin d’avoir des ailes ; rien ne l’arrêtera, ni le feu du soleil, ni l’éther, ni le tourbillon, ni les corps des astres ; elle traversera tout et volera jusqu’au dernier corps. Veux-tu franchir cette limite et contempler ce qui est hors du monde, s’il y a quelque chose, tu le peux. Vois quelle puissance, quelle vitesse tu possèdes. Et ce que tu peux, Dieu ne le pourrait pas ?

Conçois Dieu comme ayant en lui-même toutes ses pensées, le monde tout entier. Si tu ne peux t’égaler à Dieu, tu ne peux le comprendre. Le semblable comprend le semblable. Augmente-toi d’une grandeur immense, dépasse tous les corps, traverse tous les temps, deviens l’éternité et tu comprendras Dieu. Rien ne t’empêche de te supposer immortel et con-