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LIVRE PREMIER.


tels[1]. Comment donc les animaux mortels diffèrent-ils les uns des autres ? Comment l’être immortel, qui fait l’immortalité, ne ferait-il pas les animaux ?

Il y a donc évidemment un créateur, et il est très-clair qu’il est un, car l’âme est une, la matière est une, la vie est une, la matière est une. Et qui peut-il être, si ce n’est le Dieu unique ? Quel autre pourrait créer les êtres animés, sinon Dieu seul ? Quoi ! lorsqu’il n’y a qu’un monde, un soleil, une lune, une divinité, tu voudrais que Dieu fût multiple ! N’est-ce donc pas le même qui agit de plusieurs manières ? Quoi d’étonnant que Dieu fasse la vie, l’âme, l’immortalité, le changement, quand toi-même tu fais tant d’actions différentes ? Car tu vois, tu parles, tu entends, tu perçois les odeurs, les saveurs, tu touches les objets, tu marches, tu penses, tu respires. Et il n’y a pas un être qui voit, un autre qui parle, un autre qui touche, un autre qui flaire, un autre qui marche, un autre qui pense et un autre qui respire ; c’est le même qui fait tout cela. Si quelqu’une de ces fonctions se reposait, l’animal vivant ne serait plus ; de même, si Dieu se reposait de ses fonctions divines, ce qui ne peut se supposer, il ne serait plus Dieu. Car s’il est démontré que rien ne peut être inerte et oisif, à plus forte raison

  1. La distinction des interlocuteurs, adoptée par M. Parthey d’après Tiedmann, n’est pas nécessaire.