Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
LIVRE PREMIER.


tout et met tout en ordre par la variété des espèces, la vie inépuisable, l’activité constante, la nécessité du mouvement, la combinaison des éléments et l’ordre des créations. On doit donc l’appeler ϰόσμος (kosmos), c’est le nom qui lui convient.

Dans tous les animaux, la sensation, la pensée vient du dehors, du milieu ambiant ; le monde l’a reçue une fois pour toutes à sa naissance, il la tient de Dieu. Dieu n’est pas privé de sentiment et de pensée, comme le croient quelques-uns ; c’est un blasphème de la superstition. Tout ce qui existe, ô Asclèpios, est en Dieu, produit par lui et dépendant de lui ; ce qui agit par les corps, ce qui meut par l’essence animée, ce qui vivifie par l’esprit, ce qui sert de réceptacle aux créations mortes, tout cela est en Dieu. Et je ne dis pas seulement qu’il contient tout, mais que véritablement il est tout. Il ne tire rien du dehors, il fait tout sortir de lui. Le sentiment, la pensée de Dieu, c’est le mouvement éternel de l’univers ; jamais en aucun temps il ne périra un être quelconque, c’est-à-dire une partie de Dieu, car Dieu contient tous les êtres, rien n’est hors de lui et il n’est hors de rien.

Ces choses, ô Asclèpios, sont vraies pour qui les comprend ; l’ignorant n’y croit pas, car l’intelligence est la foi ; ne pas croire c’est ne pas comprendre. Ma parole atteint la vérité, l’intelligence est grande, et