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LIVRE PREMIER.


la possède est rempli de tous les biens ; il conçoit des pensées divines et différentes de celles de la foule. C’est pourquoi ceux qui sont dans la Gnose ne plaisent pas à la foule et la foule ne leur plaît pas. On les croit insensés, on se moque d’eux, ils sont haïs et méprisés ; ils peuvent même être mis à mort ; car, nous l’avons dit, il faut que la méchanceté habite ici-bas, c’est sa place. La terre est son séjour, et non pas le monde, comme le diront quelques blasphémateurs. Mais l’homme pieux est au-dessus de tout par la possession de la Gnose. Tout est bon pour lui, même ce qui serait mauvais pour les autres. Ses méditations rapportent tout à la Gnose, et, chose merveilleuse, seul il change les maux en bien.

Je reviens à mon discours sur la sensation. L’union intime de la sensation et de la pensée est le caractère de l’homme. Tous les hommes, comme je l’ai dit, ne jouissent pas de l’intelligence ; les uns sont matériels, les autres essentiels. Les méchants sont matériels et reçoivent des démons la semence de leurs pensées ; ceux qui sont unis en essence avec le bien sont sauvés par Dieu. Dieu est le créateur de toutes choses et fait toutes ses créations semblables à lui, mais ces créations bonnes sont stériles dans l’action[1]. Le mouvement

  1. En lisant διάφορα (diaphora) au lieu de ἄφορα (aphora), il faudrait traduire : « sont différentes par l’action ; » ce qui serait plus clair.