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LIVRE PREMIER.


qui veut être contemplé, l’inouï, l’ineffable, invisible aux yeux, visible à l’intelligence et au cœur.

Avant tout, il faut déchirer cette robe que tu portes, ce vêtement d’ignorance, principe de la méchanceté, chaîne de corruption, enveloppe ténébreuse, mort vivante, cadavre sensible, tombeau que tu portes avec toi, voleur domestique, ennemi dans l’amour, jaloux dans la haine. Tel est le vêtement ennemi dont tu es revêtu ; il t’attire en bas vers lui, de peur que le spectacle de la vérité et du bien ne te fasse haïr sa méchanceté, découvrir les embûches qu’il te dresse, obscurcissant pour toi ce qui nous semble clair, t’étouffant sous la matière, t’enivrant d’infâmes voluptés, afin que tu ne puisses entendre ce que tu dois entendre, voir ce que tu dois voir[1].

  1. On peut rapprocher ce morceau de l’épître de saint Paul aux Romains, VII, 23, 24 : « Je vois une autre loi dans mes membres qui combat contre la loi de mon intelligence et qui me rend captif de la loi du péché, laquelle est dans mes membres. Malheureux homme ! qui me délivrera de ce corps de mort ? »