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LIVRE PREMIER.


du mal. Il n’est rien de plus fort que lui et qui puisse le vaincre, il n’est rien d’égal à lui et qui puisse lui nuire ou lui inspirer un désir. Il n’est rien qui puisse, en lui désobéissant, exciter sa colère, ni rien de plus sage qu’il puisse envier.

Tout cela étant étranger à son essence, il ne lui reste que le bien, et comme dans cette essence il n’y a rien de mauvais, le bien ne peut se trouver dans aucun autre. La diversité existe dans tous les êtres particuliers petits ou grands, et même dans le plus grand et le plus fort de tous les êtres vivants. Tout être créé est passible, la naissance même étant une passion. Or, où il y a passion, le bien n’existe pas ; et là où est le bien il n’y a pas de passion, de même que le jour n’est pas la nuit et que la nuit n’est pas le jour. Le bien ne peut donc exister dans la création, mais seulement dans l’incréé. La matière de toutes choses participe du bien comme de l’existence, c’est en ce sens que le monde est bon, puisqu’il produit toutes choses ; il est bon en tant qu’il crée, en tout le reste il n’est pas bon, puisqu’il est passible, mobile, et qu’il produit des êtres passibles.

Dans l’homme, lorsqu’il s’agit du bien, c’est par comparaison avec le mal ; ici-bas tout ce qui n’est pas trop mauvais est bon, et le bien n’est que le moindre mal. Mais le bien ne peut être entièrement pur de mal