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HERMÈS TRISMÉGISTE.


dans le monde entier qui ne soit lui, il est ce qui est et ce qui n’est pas, car ce qu’il est il l’a manifesté, ce qui n’est pas il le tient en lui-même.

Tel est le Dieu supérieur à son nom, invisible et apparent, qui se révèle à l’esprit, qui se révèle aux yeux, qui n’a pas de corps et qui a beaucoup de corps, ou plutôt tous les corps, car il n’est rien qui ne soit lui et tout est lui seul. C’est pourquoi il a tous les noms, car il est le père unique, et c’est pourquoi il n’a pas de nom, car il est le père de tout. Que peut-on dire de toi, que peut-on te dire ? Où porterai-je mes regards pour te bénir, en haut, en bas, en dedans, en dehors ? Nulle voie, nulle place qui soit hors de toi, il n’existe pas d’autres êtres, tout est en toi, tout vient de toi, tu donnes tout et tu ne reçois rien ; car tu possèdes tout et il n’y a rien qui ne t’appartienne.

Quand te louerai-je, ô père ? car on ne peut saisir ni ton temps ni ton heure. Pour quoi te louerai-je ? pour ce que tu as créé, ou pour ce que tu n’as pas créé ? pour ce que tu révèles ou pour ce que tu caches ? Comment te louerai-je ? comme m’appartenant et ayant quelque chose en propre, ou comme étant un autre ? car tu es tout ce que je puis être, tu es tout ce que je puis faire, tu es tout ce que je puis dire, car tu es tout et il n’est rien que tu ne sois ! Tu es tout ce qui est né et tout ce qui n’est pas né, l’intelligence pensée, le