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LIVRE PREMIER.


les os ? qui a enveloppé la chair de peau ? qui a séparé les doigts et les membres ? qui a élargi la base des pieds ? qui a creusé les pores ? qui a étendu la rate ? qui a formé la pyramide du cœur ? qui a dilaté les flancs ? qui a élargi le foie ? qui a formé les cavernes des poumons, la cavité du ventre ? qui a mis en évidence les parties honorables et caché les autres ? Vois combien d’art sur une seule matière, quel travail sur une seule œuvre ; partout la beauté, partout la proportion, partout la variété. Qui a fait toutes ces choses ? quelle est la mère, quel est le père, si ce n’est l’unique et invisible Dieu qui a tout créé par sa volonté ?

Personne ne prétend qu’une statue ou un tableau peut exister sans un sculpteur ou un peintre, et cette création n’aurait pas de créateur ? Ô aveuglement, ô impiété, ô ignorance ! Garde-toi, mon fils Tat, de priver l’œuvre de l’ouvrier ; donne plutôt à Dieu le nom qui lui convient le mieux, appelle-le le père de toutes choses, car il est l’unique, et sa fonction propre est d’être père ; et si tu veux que j’emploie une expression hardie, son essence est d’engendrer et de créer. Et comme rien ne peut exister sans créateur, ainsi lui-même n’existerait pas s’il ne créait sans cesse, dans l’air, sur la terre, dans les profondeurs, dans l’univers, dans chaque partie de l’univers, dans ce qui existe et dans ce qui n’existe pas. Car il n’y a rien