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LIVRE PREMIER.


hermès.

Quel doit donc être le lieu de son mouvement, et de quelle nature ? Ne faut-il pas qu'il soit beaucoup plus grand que le monde, pour que celui-ci puisse s'y mouvoir sans être retenu ni arrêté dans sa marche ?

asclèpios.

C'est quelque chose de bien grand, ô Trismégiste.

hermès.

Et de quelle nature ? D'une nature contraire, n'est-il pas vrai ? Et le contraire du corps, n'est-ce pas l'incorporel ?

asclèpios.

J'en conviens.

hermès.

Le lieu est donc incorporel. Mais l'incorporel est divin ou Dieu. J'appelle divin, non ce qui est engendré, mais ce qui est incréé. S'il est divin, il est essentiel ; s'il est Dieu, il est au-dessus de l'essence. D'ailleurs, il est intelligible, et voici comment : Le premier Dieu est intelligible pour nous, non pour lui-même, car l'intelligible tombe sous la sensation de l'intelligent. Dieu n'est donc pas intelligible pour lui-même, car en lui le sujet pensant n'est pas autre que l'objet pensé. Pour nous il est différent, c'est pourquoi nous le concevons. Si l'espace est intelligible, il n'est pas Dieu, il est l'espace. S'il est Dieu, c'est, non comme