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HERMÈS TRISMÉGISTE.


côté, des femelles de l’autre. Aussitôt Dieu dit de sa parole sainte : Croissez en accroissement et multipliez en multitude[1], vous tous, mes ouvrages et mes créatures ; et que celui en qui est l’intelligence sache

  1. Ici se trouve, dans un des manuscrits d’Hermès, la scholie suivante, publiée par Boissonade (Michael Psellos, De operatione dœmonum) et reproduite dans le Poemander de Parthey :

    « De Psellos : Ce sorcier paraît avoir fort bien connu la sainte Écriture ; c’est de là qu’il est parti pour exposer la création du monde. Il n’a pas craint quelquefois de copier les expressions mêmes de Moyse, comme dans cette phrase : « Dieu dit : Croissez et multipliez, » qu’il a manifestement empruntée au récit mosaïque. Mais, au lieu de conserver la simplicité et la clarté vraiment divines de l’Écriture, il se lance dans le pathos emphatique habituel aux sages de l’Hellénisme, dans des allégories, des divagations et des monstruosités, et s’éloigne de la bonne route ou en est détourné par Poimandrès. En effet, il n’est pas difficile de voir quel était le Poimandrès des Grecs ; c’est celui que parmi nous on appelle le Prince du monde, ou quelqu’un des siens. Car, dit [Basile], le Diable est voleur, il pille nos traditions, non pour détourner les siens de l’impiété, mais pour colorer et embellir leur fausse piété par des paroles et des pensées vraies, et la rendre ainsi vraisemblable et acceptable pour le grand nombre. Platon n’est pas dans le vrai, quand il dit que les Grecs, instruits par les oracles de Delphes, embellissent ce qu’ils prennent aux barbares. Il est plus exact de dire que les Grecs ne se donnent pas beaucoup de peine pour chercher la vérité, et qu’ils s’égarent surtout dans leurs opinions sur le divin. Et ce ne sont pas les nôtres qui le disent, ce sont les plus estimés parmi les Grecs ; on peut s’en convaincre en lisant la lettre dans laquelle Porphyre demande à l’Égyptien Anébo de lui apprendre la vérité, vu qu’il ne connaît que les opinions des Grecs. S’il y a eu quelque autre race barbare qui ait adoré le créateur et le roi de l’univers sous une forme traditionnelle et selon des rites nationaux, c’est ce que je ne puis dire, mais que la religion des Hébreux fut célèbre sur toute la terre et que leur législation fut antérieure à cet Hermès et à tout autre sage grec, c’est ce qu’établissent une foule de preuves. »