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HERMÈS TRISMÉGISTE.


Et ce souverain du monde et des êtres mortels et privés de raison, à travers l’harmonie[1] et la puissante barrière des cercles, fit voir à la nature inférieure la belle image de Dieu. Devant cette merveilleuse beauté, où toutes les énergies des sept gouverneurs étaient unies à la forme de Dieu, la nature sourit d’amour, car elle avait vu la beauté de l’homme dans l’eau et son ombre sur la terre. Et lui, apercevant dans l’eau le reflet de sa propre forme, s’éprit d’amour pour elle et voulut la posséder. L’énergie accompagna le désir, et la forme privée de raison fut conçue. La nature saisit son amant et l’enveloppa tout entier, et ils s’unirent d’un mutuel amour. Et voilà pourquoi, seul de tous les êtres qui vivent sur la terre, l’homme est double, mortel par le corps, immortel par sa propre essence. Immortel et souverain de toutes choses, il est soumis à la destinée qui régit ce qui est mortel ; supérieur à l’harmonie du monde, il est captif dans ses liens ; mâle et femelle comme son père et supérieur au sommeil, il est dominé par le sommeil[2].

— Ce discours me charme, dit alors ma pensée. Et

  1. Le mot ἁρμονία qui exprime le lien général des choses, désigne ici le monde physique.
  2. Je lis ici ὕπνου au lieu de ἀύπνου, qui est dans le texte ; je crois qu’il y a dans ce passage une lacune ou une altération.