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LXXXIX
DES LIVRES HERMÉTIQUES.


ils voudront étendre leur pouvoir sur les éléments. »

Et Mômos engage Hermès à donner aux hommes le désir et l’espérance vaine, le souci et la douloureuse morsure de l’attente trompée, à leur inspirer les amours mutuels et les désirs tantôt satisfaits, tantôt déçus, « afin que la douceur même du succès soit un appât qui les attire vers de plus grands maux. » Isis s’interrompt et ajoute : « Tu souffres, Hôros, en écoutant le récit de ta mère ? L’étonnement et la stupeur te saisissent devant les maux qui s’abattent sur la pauvre humanité ? Ce que tu vas entendre est plus triste encore. Les paroles de Mômos plurent à Hermès ; il trouva que l’avis était sage, et il le suivit. » Et l’auteur décrit d’une façon assez énigmatique un frein qu’Hermès imagine d’imposer à la vie humaine, la dure loi de la nécessité.

Ce personnage de Mômos n’est pas sans analogie avec le Satan du livre de Job, mais cette analogie ne peut passer pour une imitation. Le ton d’amertume avec lequel l’auteur parle de la civilisation humaine fait penser au livre d’Énoch, qui représente les arts et les sciences comme des œuvres mauvaises, en-