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… Il renâcle, il s’ébroue, il hennit, et ses crins
Se lèvent ! C’est l’instant. Saute-lui sur les reins !
Déjà l’aile éployée en un frisson de plume
Palpite dans la nuit ou Sirius s’allume ;
Pars ! Tu l’abreuveras au grand fleuve du ciel
Qui roule à flots d’argent le lait torrentiel…
....................
Enfonce le zénith et, riant de l’abîme,
Monte plus loin, plus haut, dans l’azur plus sublime !
Que l’envergure d’or du grand Cheval ailé
Projette une ombre immense en l’éther étoilé
Et que son battement d’ailes multicolore
Fasse osciller la flamme aux astres près d’éclore.
Monte ! Pousse plus haut l’essor de l’étalon
Vertigineux ! Va, monte ! Et, battant du talon
Le monstre que ton bras irrésistible dompte,
Monte encore, toujours, éternellement ! Monte !

José-Maria de Heredia.