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ROME ET LES BARBARES


V


Rigetque dura barba juncta crystallo.
Diversorum Poetarum Lusus.


Quel froid ! le givre brille aux derniers pampres verts ;
Je guette le soleil, car je sais l’heure exacte
Où l’aurore rougit les neiges du Soracte.
Le sort d’un Dieu champêtre est dur. L’homme est pervers.

Dans ce clos ruiné, seul, depuis vingt hivers
Je me morfonds. Ma barbe est hirsute et compacte,
Mon vermillon s’écaille et mon bois se rétracte
Et se gerce, et j’ai peur d’être piqué des vers.

Que ne suis-je un Pénate ou même simple Lare
Domestique, repeint, repu, toujours hilare,
Gorgé de miel, de fruits ou ceint des fleurs d’avril !

Près des aïeux de cire, au fond du vestibule,
Je vieillirais et les enfants, au jour viril,
À mon col vénéré viendraient pendre leur bulle.