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LES CONQUÉRANTS DE L’OR

Quant au licencié Gil Tellez, le Notaire,
Il dresse en son esprit le futur inventaire,
Tout prêt à prélever, au taux juste et légal,
La part des Cavaliers après le Quint Royal.

Or, quelques fourrageurs restés sur les derrières,
Pour rejoindre leurs rangs, malgré les fondrières,
À leurs chevaux lancés ayant rendu la main,
Et bravant le vertige et brûlant le chemin,
Par la montagne à pic descendaient ventre à terre.
Leur galop furieux fait un bruit de tonnerre.
Les voici : bride aux dents, le sang aux éperons,
Dans la foule effarée, au milieu des jurons,
Du tumulte, des cris, des appels à l’Alcade,
Ils débouchent. Le chef de cette cavalcade,
Qui, d’aspect arrogant et vêtu de brocart,
Tandis que son cheval fait un terrible écart,
Salue Alvar de Paz qui devant lui se range,
En balayant la terre avec sa plume orange,
N’est autre que Fernan, l’aîné, le plus hautain
Des Pizarre, suivi de Juan, et de Martin
Qu’on dit d’Alcantara, leur frère par le ventre.
Briceño qui, depuis, se fit clerc et fut chantre
À Lima, n’étant pas très habile écuyer,
Dans cette course folle a perdu l’étrier,
Et, voyant ses amis déjà loin, se dépêche
Et pique sa jument couleur de fleur de pêche.