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LES CONQUÉRANTS DE L’OR

Et que brandit, suivant le chroniqueur Xerez,
Le fougueux Gabriel de Rojas, l’alferez,
Dont le pourpoint de cuir bordé de cannetilles
Est gaufré du royal écu des deux Castilles,
Et qui porte à sa toque en velours d’Aragon
Un saint Michel d’argent terrassant le dragon.
Sa main ferme retient ce fameux cheval pie
Qui s’illustra depuis sous Carbajal l’Impie ;
Cet andalou de race arabe, et mal dompté,
Qui mâche en se cabrant son mors ensanglanté
Et de son dur sabot fait jaillir l’étincelle,
Peut dépasser, ayant son cavalier en selle,
Le trait le plus vibrant que saurait décocher
Du nerf le mieux tendu le plus vaillant archer.

À l’entour de l’enseigne en bon ordre se groupe,
Poudroyant au soleil, tout le gros de la troupe :
C’est Juan de la Torre ; Cristobal Peralta,
Dont la devise est fière : Ad summum per alta ;
Le borgne Domingo de Serra-Luce ; Alonze
De Molina, très brun sous son casque de bronze ;
Et François de Cuellar, gentilhomme andalous,
Qui chassait les Indiens comme on force des loups ;
Et Mena qui, parmi les seigneurs de Valence,
Était en haut renom pour manier la lance.
Ils s’alignent, réglant le pas de leurs chevaux
D’après le train suivi par leurs deux chefs rivaux,