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LES CONQUÉRANTS DE L’OR

Que garde l’oiseau Rock qu’ils ont nommé condor.
Il lui dit la nature enrichissant la fable ;
D’innombrables torrents qui roulent dans leur sable
Des pierres d’émeraude en guise de galets ;
La chicha fermentant aux celliers des palais
Dans des vases d’or pur pareils aux vastes jarres
Où l’on conserve l’huile au fond des Alpujarres ;
Les temples du Soleil couvrant tout le pays,
Revêtus d’or, bordés de leurs champs de maïs
Dont les épis sont d’or aussi bien que la tige
Et que broutent, miracle à donner le vertige
Et fait pour rendre même un Empereur pensif,
Des moutons d’or avec leurs bergers d’or massif.

Ce discours étonna Don Carlos, et l’Altesse,
Daignant enfin peser avec la petitesse
Des secours implorés l’honneur du résultat,
Voulut que sans tarder Don François répétât,
Par-devant Nosseigneurs du Grand Conseil, ses offres
De dilater l’Église et de remplir les coffres.
Après quoi, lui passant l’habit de chevalier
De Saint-Jacque, il lui mit au cou son bon collier.
Et Pizarre jura sur les saintes reliques
Qu’il resterait fidèle aux rois Très-Catholiques,
Et qu’il demeurerait le plus ferme soutien
De l’Église Romaine et du beau nom chrétien.
Puis l’Empereur dicta les augustes cédules