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d’armée. Il était fait pour le commandement. Il avait l’instinct, le coup d’œil rapide et sûr, une résolution opiniâtre, autant de sang-froid que de vigueur dans l’action. Organisateur puissant, administrateur précis, méthodique et minutieux, d’une probité redoutable. Sévère à soi-même, il était dur pour les autres. Nul n’a mieux su ni plus strictement exécuté les lois de la discipline et de la guerre que ce soldat inflexible dont le camp se reconnaissait aux pendus qui en gardaient les approches. D’ailleurs, d’âme généreuse, droite et loyale, de cœur passionné, fidèle à ses amitiés, de manières nobles et graves. Davout est assurément l’un des plus parfaits ressorts de cette prodigieuse machine militaire qu’inventa et fit mouvoir le génie de Napoléon.

C’est de 1803, du camp de Bruges où il préparait l’invasion de l’Angleterre, que sont datées les premières lettres de la correspondance du maréchal Davout qu’a publiée et commentée M. de Mazade. C’est le journal de douze années de sa vie. Quelle vie et quelles années vertigineuses ! Le 18 mai 1804, l’Empire héréditaire est fondé. Davout est maréchal. En 1805, chef du 6e corps de la Grande-Armée, il part des côtes de l’Océan ; en trois mois, il est en Moravie, à Ulm, à Vienne, à Austerlitz. En 1806, il entre en Thuringe, marche sur Naumbourg, et, avec ses vingt-cinq mille hommes, défait quatre-vingt mille Prussiens, complétant Iéna par Auerstaëdt. En 1807, il se bat contre les Russes à Czarnovo, à Nasielsk, à Golymin, à Eylau. En 1808, à Varsovie, il organise le Grand-Duché créé par la paix de Tilsitt. 1809, c’est