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UNE AMBASSADE PERSANE SOUS LOUIS XIV

enfermer Mme d’Épinay. On hésita à s’y résoudre et la conséquence fut que cette personne, devenue enceinte des œuvres de l’ambassadeur, terrifiée à l’idée d’être jetée en prison, et peut-être aussi désireuse de voyager, quitta furtivement la maison maternelle dans la nuit du 29 au 30 août, et s’enfuit en chaise de poste à Rouen avec un des officiers de Son Excellence. D’après le plan adopté, elle devait attendre Mehemet Riza Beg cachée dans cette ville, puis se faire enfermer dans une caisse spécialement construite à cet effet qui serait embarquée à Chaillot sur le chaland de bagages, et transbordée au Havre à bord de la frégate royale. Le hasard favorisa l’aventure. Si étrange que cela paraisse, l’enlèvement, connu dès le matin, réussit malgré la police et à sa barbe !

Mme d’Épinay ayant quitté Paris dans la nuit, l’ambassadeur se mit en route le 30 août au matin, après avoir adressé au secrétaire d’État des Affaires étrangères un dernier adieu. « Ne pouvant avoir l’honneur de vous voir avant mon départ, lui mandait-il, j’ai celui de vous écrire pour vous demander la continuation de votre amitié et pour vous remercier des honnêtetés que vous m’avez faites et des services que vous m’avez rendus. J’en conserverai le souvenir toute ma vie et je n’oublierai rien pour engager le khan d’Érivan, l’etmadolet et le